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Chantiers Solidaires

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Chaque année, de jeunes habitants de Val de France s’engagent dans des chantiers de solidarité internationale, grâce auxquels ils participent à une action de développement et à des échanges culturels. Une expérience qui les emmène souvent, au retour, à agir ici pour un monde moins inégal.

La solidarité internationale a longtemps été fondée sur une logique de charité, opérant par des dons de matériel, de nourriture, de médicaments ou d’argent. Cette approche a eu des conséquences néfastes sur les populations bénéficiaires, en leur conférant une position d’assisté et en désorganisant les structurations locales. Elle a aussi entretenu auprès des initiateurs de projets des visions stéréotypées et simplistes des réalités des pays du sud, voire un comportement néo-colonialiste. Les relations entre les deux parties étaient faussées et profondément inégalitaires.
Depuis une vingtaine d’années, cette conception des rapports entre le nord et le sud est remise en question, sous la pression de certaines ONG (Organisations Non Gouvernementales) du nord, et surtout des ONG du sud, qui deviennent de plus en plus nombreuses. C’est un partenariat d’égal à égal qui régit de plus en plus les actions. La participation des bénéficiaires tout au long des projets est considérée comme une garantie de la pérennité des initiatives. L’intervention des ONG du nord consiste donc de plus en plus à financer des projets initiés et mis en oeuvre par les ONG du sud.

Prise de conscience

Les chantiers de jeunes s’inscrivent dans cette nouvelle conception de la solidarité internationale. Ils permettent à des jeunes de différents pays et continents de vivre ensemble une expérience de développement local (construction, cours d’alphabétisation...), tout en découvrant d’autres cultures. Conçus sur le mode de l’échange et du partage, ils offrent aux jeunes citoyens du nord un premier aperçu des réalités vécues par les populations du sud.
La plupart des participants ont le sentiment que ces chantiers leur apportent bien plus que ce qu’ils ont pu eux-mêmes développer sur place. Ils découvrent que les jeunes habitants des pays du sud ont parfois les mêmes préoccupations et les mêmes rêves qu’eux, malgré des conditions d’existence différentes. Ils prennent conscience des inégalités mondiales et de l’interdépendance des politiques menées au nord et au sud. Au retour, nombre d’entre eux soutiennent ou intègrent des ONG pour agir dans un des multiples champs de la solidarité internationale : commerce équitable, épargne solidaire, éducation à la solidarité internationale, plaidoyer et lobbying...

De Villiers-le-Bel à Meknès

L’exemple du chantier auquel ont participé de jeunes Beauvillésois en juillet 2008 en témoigne. Neuf jeunes filles et garçons de 17 à 21 ans, tous habitant le quartier du Puits-la-Marlière, sont partis au Maroc pendant une dizaine de jours, encadrés par la responsable jeunesse de la maison de quartier Camille Claudel et par deux éducateurs de l’association de prévention spécialisée IMAJ. Ce chantier a été l’une des étapes d’une action plus large sur la citoyenneté et l’engagement.
Tout a commencé par la construction d’un mur artistique sur le thème de la solidarité, dans le cadre de la réhabilitation de la maison de quartier. Une partie de l’argent récolté grâce à ce travail a permis de contribuer au financement du voyage au Maroc. Une fois sur place, les jeunes Beauvillésois ont rénové la cour du lycée Lalla Amina de la ville de Meknès, en partenariat avec une association locale, l’ACIM. Ils ont également pu rencontrer de jeunes Marocains et échanger avec eux.
Au retour, conscients qu’ils pouvaient aussi agir ici, ils ont travaillé à la mise en place d’un espace citoyen au sein de la maison de quartier Camille Claudel. Il s’agit d’un lieu d’information sur les questions de solidarité internationale et de développement durable, accompagné de la vente de boissons issues du commerce équitable et de l’agriculture biologique au bar de la maison de quartier, deux fois par semaine. L’ouverture de cet espace citoyen est prévue pour octobre 2009.

De Sarcelles à Yaoundé

A Sarcelles, ce sont douze filles et quatre garçons de la section de volley-ball de l’Association Amicale et Sportive de Sarcelles qui ont élaboré un projet de solidarité internationale avec le Cameroun. Pendant plus d’un an, ils ont eu de nombreux contacts avec le Centre de Formation de Volley-ball de la Cité Universitaire, une association implantée dans le quartier de Ngoa-Ekele de Yaoundé. Ils ont ainsi pu construire un projet d’action adapté aux besoins de l’association camerounaise.
Ils sont partis pendant trois semaines en juillet 2009 et ont construit un terrain de volley-ball avec les jeunes Camerounais. Ils ont aussi apporté des équipements (ballons, filets ...), ainsi qu’une aide méthodologique pour la gestion du club, afin que ce dernier puisse évoluer et peut être un jour arriver au niveau national. Plusieurs tournois de volley ont eu lieu pendant le chantier, facilitant les échanges interculturels. Dans une logique de réciprocité et d’échange, les jeunes Sarcellois espèrent pouvoir accueillir un groupe de jeunes Camerounais à Sarcelles en 2010.

Pour son pays d’origine

Nombre d’associations du territoire de Val de France regroupent des personnes issues de l’immigration qui ont envie d’agir pour leur pays ou leur village d’origine, dans le domaine de la santé, l’éducation, l’économie…, parallèlement aux formes de soutien plus privées, telles que l’envoi d’argent aux membres de sa famille. Il s’agit de structures créées pour mettre en oeuvre ces actions de solidarité internationale ou bien de groupements qui ont ajouté cette dimension à d’autres domaines d’activité.
C’est alors souvent l’occasion d’organiser des chantiers solidaires auxquels participent de jeunes habitants dont la famille est originaire du pays de séjour. Par exemple l’association Kwaba de Villiers-le-Bel a organisé en 2002 un chantier de rénovation d’un dispensaire en Côte d’Ivoire , à Assikoï, le village dont la présidente de l’association et certains jeunes participants sont originaires. Même si la recherche identitaire n’est pas forcément le moteur premier de ces engagements, des jeunes peuvent découvrir par eux-mêmes des aspects de leur culture d’origine ou de celle de leurs parents. Ils peuvent aussi mieux comprendre les réalités des parcours migratoires.

Agir ici ou là bas

La solidarité internationale intéresse de plus en plus les jeunes générations, de plus en plus tournées vers le monde et conscientes de la dynamique globale qui régit la planète. Les chantiers offrent une première approche des réalités des pays du sud et constituent un levier pour d’autres formes d’engagement, ici ou là bas. Ils permettent aussi de développer un certain nombre de valeurs, responsabilité, solidarité, autonomie, etc., grâce auxquelles les jeunes citoyens peuvent mieux s’épanouir dans leur environnement quotidien.


Samuel Turakiewicz