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Osez la journée de la femme toute l’année !

Une jolie expo, une soirée débat, quelques livres bien en vue et le tour est joué. Ou plutôt la journée de la femme est pliée… Pliée en quatre et mise dans un joli coin, prête à ressortir pour l’année prochaine. C’est un “marronnier“ dans le jargon journalistique, parce que ça tombe tous les ans, et que nous, documentalistes et bibliothécaires, connaissons bien car la journée de la femme nous tombe sur la tête au mois de mars. Toute le monde veut organiser “quelque chose“ pour marquer le coup avec “un truc simple et pas compliqué“. Et quoi encore ? “Pas trop prise de tête ou trop féministe“. Cette année, en plus, la “chose“ ne devait pas être trop de “genre“, comme si parler de la notion de genre était quelque chose de négatif.

La journée de la femme serait elle devenue un événement où les femmes se réunissent pour parler des femmes autour d’un gouter avec des bons biscuits, des jus de fruits et des fleurs ? Où les organisateurs se félicitent et puis au revoir, par ici la porte, la journée est finie ?

Quel est donc notre rôle en tant que professionnel-le-s dans le champ de l’éducation ?
Dois-je ranger dans un coin secret les livres “Je veux un zizi ?“, ou "le Pacte d’Awa : pour en finir avec les excisions“ parce qu’ils peuvent choquer le public et les enfants ?

Devons-nous arrêter de proposer des jeux qui ne soient pas sexistes (des legos pour les garçons, des poupées pour les filles), des dossiers qui aident les enseignant-e-s à prendre conscience des schémas sexués dans les manuels scolaires (les docteurs toujours représentés par des hommes et les infirmières par des femmes) ? Devons-nous, documentalistes et bibliothécaires, arrêter de chercher des outils qui informent sur les stéréotypes et les discriminations faites aux femmes ?

Heureusement, cette journée est aussi l’occasion pour beaucoup d’associations, enseignant-e-s et animateurs-trices, de se mobiliser pour rappeler que l’égalité femmes-hommes est une priorité et que les droits des femmes ne sont pas un acquis.

Mais ne nous arrêtons pas là, continuons à sensibiliser sur la notion de genre qui n’est pas autre chose que les différences sociales entre femmes et hommes qui renvoient à des obligations et devoirs distincts : les femmes sont plus sensibles, les hommes plus forts pour les mathématiques, les femmes sont meilleures secrétaires que chef d’entreprises...

Continuons, pendant toute l’année d’intégrer la notion de genre, quand nous parlons de solidarité internationale et de développement durable par ce que quand on parle d’accès à l’éducation dans le monde, des conditions de travail, des crimes de guerre, des crises économique nous parlons précisément des inégalités dont sont victimes les femmes.

Je cacherai mes livres donc, quand personne ne me demandera "Madame ou Mademoiselle ?" ou quand les marronniers ne laisseront tomber que des marrons et non des journées des femmes.

Ligia Bolivar
documentaliste de La Case