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Il est plus facile de construire des murs que d’ériger des ponts pour permettre l’échange entre les peuples

Comment t’es venue l’idée de créer une association ?

J’ai monté ma première association lorsque j’avais 14 ans. Le but c’était de traverser la France en vélo, un parcours de plus de 1000 km, pour faire connaitre la mucoviscidose [1] et récolter des fonds. Nous avons fait 15 000 euros de recettes, c’était très bien en 2002 ! J’ai préparé ce projet pendant 18 mois, j’ai cherché les financements, contacté la presse. « 1000 bornes avec la muco » m’a permis de croire en moi et de montrer que la « muco » ce n’est pas un obstacle. J’ai embarqué toute ma famille et amis dans ce « périple » mais le premiers à croire en moi ont été les éducateurs de l’hôpital qui m’ont poussé à réaliser ce projet. Ce sont eux qui m’ont motivé à devenir éducateur par la suite.

Et comme est née Graine de savoir ? Pourquoi s’intéresser à l’Afrique et plus particulièrement au Mali ? C’était un rêve, une passion ?
Pas vraiment. En effet tout a commencé en 2006 par une rencontre avec des ressortissants maliens. Plutôt que les pays ce sont les personnes qui m’intéressent. C’est l’histoire d’une rencontre avec quelqu’un qui m’a parlé de son village, de son pays, de sa culture et c’est comme ça qu’est née ma motivation de visiter le Mali… ou plutôt de vivre dans le village de mon ami.
Je venais de finir mes études d’éducateur et je savais que je voulais prendre du temps pour réfléchir avant de commencer à travailler. Et voyager pour découvrir c’était une idée que m’a enthousiasmé. Le voyage c’est une passion pour moi ! Depuis 2006, je fais des séjours régulièrement d’un mois au Mali.

L’idée de créer l’association est venue après le retour de ce premier voyage ?
« Graine… » s’est crée avant le départ au Mali. Nous sommes partis pour faire un diagnostic, pour voir, poser de questions aux habitants et c’est sur place que je me suis intéressé aux écoles, aux bibliothèques et au système d’éducation.

L’association, et ses membres sont convaincus que l’éducation est l’outil indispensable au développement humain, social, économique et politique d’un pays. Toujours dans cette perspective, « Graine de savoir » a initié un travail de restitution du savoir traditionnel, tiré du métissage des cultures au Mali.

Ce livre, c’est l’aboutissement de 3 ans de travail, raconte nous de quoi s’agit ce projet !
L’association « Graine de Savoir », dont je fais partie, a initié en juillet 2008 le projet Nsiiri (contes en bambara). Ce projet consiste en la réalisation d’outils pédagogiques sur la notion de famille. Une collection de livres a été éditée dans ce sens dont le premier livret s’intitule « Bakary et le talisman Magique ». A la fin du livre, un jeu est proposé pour créer son histoire collectivement.

A qui s’adresse ce livre ?
Ce livre est un pont culturel entre la France et le Mali. Il s’adresse tant aux bibliothèques scolaires soutenues par l’association au Mali dans le Cercle de Nioro du Sahel, qu’en France auprès des structures éducatives et plus largement à tous ceux qui souhaitent découvrir tout en s’amusant.

Après la publication des 3 contes, quelles autres actions compte mener l’association ?
C’est dans le prolongement de ces activités qu’une mission est engagée en février 2011. Elle reprend divers objectifs : acheminer des stocks de livres issues de la littérature africaine, diffuser la production du premier livret de conte aux différents partenaires ayant contribué au projet Nsiiri (conteurs, illustrateurs, éditeur…) et réfléchir à l’action de partenariat avec l’ASBAD [2] dans le cadre d’un programme d’appui triennal au réseau de bibliothèques scolaires.

Tu vas partir bientôt au Mali, est-ce raisonnable avec les divers événements actuels ?
Bien sûr oui, il est essentiel de maintenir le lien avec nos partenaires. Les difficultés liées à l’accès à l’éducation sont nombreuses : manque des moyens alloués, faible diffusion des ouvrages de littérature locale, peu de formation à l’attention des responsables de structures de lecture, manque de visibilité et déperdition des griots et autres acteurs du savoir traditionnel.
Il est plus facile de construire des murs que d’ériger des ponts pour permettre l’échange entre les peuples. C’est pourquoi maintenir le fil de nos activités nous semble primordial.
A l’initiative de l’association en 2006, j’ai pu me rendre cinq fois au Mali dans un cadre associatif, toujours avec la même joie. Être à l’écoute des partenaires, échanger sur nos différents points de vues, construire une action commune malgré les difficultés est le fruit d’un investissement personnel et collectif.
S’il est nécessaire de garantir les éléments liés à la sécurité des groupes qui voyagent sur place (contexte politique tendu, mouvements sociaux importants…) il est inutile de brandir le chiffon de la menace et de la surenchère sécuritaire. Le dialogue entre les peuples est une des issues pour éviter les guerres et les clivages entre les différents groupes de personnes.

Pour en savoir plus sur l’association Graine de savoir et soif d’apprendre

http://www.grainedesavoir.fr/

« A ce jour, le projet Nsiiri est évalué à près de 65 000 €. 70% ont été collecté par l’association par le biais de ses nombreux bienfaiteurs. La somme manquante est celle nécessaire à l’édition du livre »

Bakary et le talisman magique, Kaomi Vignon, 7.5 euros